Pascale B.

Conseillé par
13 novembre 2023

Rocky, le dernier film

Après une apocalypse prévisible, une famille fortunée et un couple d’employés chiliens se retrouvent seuls, rescapés, sur une île déserte éloignée du reste du monde.
Dans ce sanctuaire soigneusement anticipé par le père, tout est organisé, rien ne manque.

Ce huis clos à quatre voix, agrémenté de flash-back, permet l’analyse des différents protagonistes et de leurs réactions face aux aléas de cette nouvelle vie, cette solitude, cette perte de perspective. Tous contrastent avec la simple nature qui les entoure où la fuite est impossible, où il faut s’installer dans l’incertitude d’un futur.

L'écriture est limpide et efficace pour enchaîner les confidences et les tensions qui s’installent, ainsi qu’un drame en gestation.

Ce roman traite de la fin des temps et du destin ultime de l’humanité, mêlant éléments comiques et tragiques, jusqu’à un dénouement inattendu.
Survivance addictive.

Le Cherche Midi

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8 novembre 2023

« la petite mort »

À Paris, dans un immeuble néogothique, un écrivain raté, homosexuel, gît dans un bain de sang.
Son journal intime, remis au narrateur par le commissaire chargé de l’enquête, ouvre les portes de sa mansarde au lecteur, révélant le quotidien de ce « vieux pédé du 6ème qui vécut seul avec son chat «, une effroyable descente aux enfers.
Tel un dessin de Druillet, Nicolas Chemla plante le décor, intarissable sur les multiples détails architecturaux d’un lieu lugubre et baroque. Mais là se tient la partie la plus soft du roman qui progressivement libère une déferlante littéraire de libido et de chair, de pratiques jouissives, borderline et sidérante.
Nicolas Chemla, visiblement fasciné par les chats et leur spectre de vision, fait mouche, jongle avec le mystère… Tourment humain ? Dimension mystique ? Emprise destructrice et irrésistible ?... L’excentricité est délibérée.
Son écriture très visuelle ose la transgression et la divergence, mélange les genres, impose une voix singulière, affutée qui explore la solitude contemporaine, jouant avec les ambivalences et des pertes de repère.

« Mouche, elle, est complètement streamlinée, affûtée, réduite à la plus pure et parfaite expression de la félinité, de l’absolu-chat »

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3 novembre 2023

Convictions

Années 1920-1960 sur trois générations.
Arlène partage son enfance avec Daniel, Thomas et Marie. Bien qu’elle vienne d’un milieu plus modeste qu’eux, elle nourrit de grandes ambitions professionnelles, aspirant à devenir ingénieure malgré les nombreux obstacles inhérents à ce parcours.
Quatre destins dont le fil conducteur est l’histoire d’une jeune fille ambitieuse qui s’affranchit de sa condition, défiant les normes d’une époque marquée par trois guerres, où la femme est encore en arrière-plan.

L’auteur raconte comment Arlène, usant de subterfuges, sacrifiant amour, famille et amitiés, brave les statistiques de femmes ingénieurs avec sa résolution, et les dilemmes auxquels sa vie la confronte, tout en soulignant les faits historiques et scientifiques rappelant la conspiration du silence, un mensonge d’État concernant une bombe humaine à retardement et ses risques de contamination.

L’écriture guide le lecteur à travers cette histoire riche en rebondissements offrant une lecture agréable.

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30 octobre 2023

De quelle engeance es-tu ?

Ce roman s’inspire de la vie de Bella Brynhild, une jeune servante norvégienne pauvre qui, à la fin du XIXe siècle, émigra aux États-Unis enceinte, changea de nom, et fut reconnue post-mortem comme une tueuse en série notoire d’Amérique.
Transportée par sa quête d’amour passionné, inassouvie et déçue par les hommes, étouffée par le poids de sa culture protestante ; Bella devint une personne impitoyable.

Victoria Kielland consacre son récit à dépeindre en détail cette âme tourmentée rongée par le désir et la convoitise, tout en maintenant une certaine distance émotionnelle.
Son style unique et singulier, répétitif, d’une poésie inimitable, pourrait perdre quelques lecteurs non transcendés par la concentration requiert à la lecture, et en subjuguer d’autres jusqu’aux derniers chapitres révélateurs….

L’expression poétique d’une plaie ouverte.

« Elle comptait la joie et le plaisir sur ses doigts, mais il ne lui restait ni joie ni doigts pour profiter de quoi que ce soit »

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23 octobre 2023

Les flammes de la haine

L’intrigue de ce roman démarre en 1952 à Brézeville dans la Manche, autour de Thérèse Sommer qui, à force de tromper son mari, tombe enceinte et martyrise et néglige sa fille Françoise dès la naissance.
À travers le prisme d’une famille atypique, Vincent Delareux nous plonge dans le parcours poignant de cette enfant rejetée et révèle peu à peu l’histoire d’une famille dont la situation conflictuelle s’envenime bien au-delà de la rationalité, malgré la bienveillance de la grand-mère.
Comment se construit un enfant dans un foyer toxique ? Comment l’amour peut-il y trouver sa place ?
Une lecture ardente et fascinante, imprégnée de malveillance, de jalousie et de cruauté, est rendue addictive par des personnages remarquables, emprunts de vilénie ou de souffrances, se démarquant autant les uns que les autres. La rivalité s’y propage comme un feu dévorant….

Le destin de Françoise s’embrase de manière diabolique pour le plus grand plaisir du lecteur.

« Il passait la moitié de sa vie sur l’eau et l’autre dans l’alcool. Son existence était purement liquide sans forme ni contour »

« Mère privée d’enfants et donc plus vraiment mère, J. était une orpheline à l’envers »