Pascale B.

18,90
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6 septembre 2023

Les mains de la mer

Dans ce roman autobiographique et intime, A.N. partage sa passion pour les oiseaux depuis l’enfance, au gré de nombreux pays traversés par un père gouverneur proche de la population ; mais revient aussi sur les épisodes douloureux de sa vie pour lesquels la littérature a servi de bouée de sauvetage, jusqu’à la guider vers l’au-delà…

Amélie dissèque son existence singulière, nouvelle surprise littéraire dans son style unique et personnel, où le vocabulaire est choyé.

Dans ce récit philosophique, grave et pudique, rythmé et audacieux, l’émotion est palpable. Il est la substance même d’Amélie Nothomb.

« Le cormoran de ce littoral, c’était moi. Je plongeais à toute occasion. Nager, c’était voler sous l’eau »

« La grande mission d’un oiseau consiste à approfondir son pouvoir psychopompe. J’en suis encore au stade de bricolage »

« L’engoulevent était un expert du camouflage. La couleur de son plumage le rendait invisible. Si je ne l’avais pas vu, cela prouvait qu’il était là »

« A force de méditer sur la gent aviaire, quelque chose se fissurait en moi. Ouvrir l’œuf à la coque du matin devenait un exercice philosophique »

Eden Levin

Les Éditions Noir sur Blanc

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4 septembre 2023

Fusils d’assaut

Un collectif révolutionnaire, nommé « Jeudi », est fondé par trois étudiants en théâtre en quête de reconnaissance. Une succession infortunée d’évènements vient contrarier leur projet et les opposer à d’autres révolutionnaires déterminés à en découdre.

Le roman se déploie à travers des voix variées : les narrateurs Alex et Valencia, Elena via le manifeste, des extraits de journaux, des comptes rendus judiciaires, des scènes théâtrales… autant de voix mobilisées pour dénoncer les excès de la société de consommation avec une perspicacité mordante et une autodérision subtile.

Roman révolutionnaire inclassable par son audace et son exagération, son second degré.

Le lecteur est emporté dans les péripéties cocasses et cruelles de ces apprentis révolutionnaires.

En dépit d’un langage souvent vulgaire et une autodérision récurrente, l’auteur transmet des réflexions pertinentes sur le système capitaliste, sa violence omniprésente et son pouvoir tentaculaire.

Le texte se révèle atypique et dynamique, alternant brutalité et moments d’introspection, explorant sans compromis les failles du monde contemporain.
Les personnages dépeints sont à la fois impuissants et en rébellion, porteurs de rêves utopiques

Derrière ce chaos soigneusement orchestré se cache une réflexion profonde et percutante.

« La voiture se pose ainsi comme un triste symbole, briseuse de corps et de grèves, héraldesse mécanique de la fin des libertés de ceux qui la fabriquent. Et pour tout ça nous la brûlons… Nous les brûlons parce que le genre humain ne se laissera pas mourir sans chant de cygne »

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2 septembre 2023

Empire et confédération

Félix, orphelin, découvre son identité. Edgar décide de l’accompagner dans sa quête. Ils quittent une ville en désordre, unis par leur amitié et leur optimisme.

Bravant les périls dans leur périple hardi vers la frontière, les deux personnages suscitent l’empathie, l’un candide et émouvant, l’autre plus inconstant et singulier, et se complètent.
Leur quête de liberté se dresse en opposition à l’impérialisme, à l’extrémisme et à l’obscurantisme ; tandis que leur fraternité défie l’intolérance dans ce monde obscur.

L’écriture coule avec aisance, souvent empreinte de poésie, leur aventure captive, l’atmosphère de méfiance et la vulnérabilité de la population sont dépeintes de manière convaincante, mais n’entame pas notre capacité à espérer…

« Edgar s’envolait à présent. Il s’échappait, reniant tout, galopant dans sa fuite. Surplombant le vide, il avançait en funambule, comme sur un fil tendu au-dessus des linceuls »

« À force de brasser tout le vent des montagnes, il n’en restera plus pour les moulins »

Éditions de L'Olivier

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30 août 2023

Amour en super 8

Entre la Syrie, le Liban et la France, Georgette occupait le rôle de bonne, mais sa fonction dépassait largement cela pour une fratrie pendant près de 20 ans.
Elle supervisait les rituels du quotidien, devenant indispensable et invisible, restant socialement confinée au statut de domestique.

L’auteur, dans un récit nostalgique et clairvoyant, dépeint la routine d’une famille à travers des séquences filmées et l’empreinte omniprésente de Georgette. Dea Liane explore des souvenirs et moments partagés, faisant une autopsie minutieuse du dévouement à la famille, de cet amour clandestin qui se tisse avec les enfants, et de la dualité temporelle de deux langues parlées.
Quand l’enfance s’éloigne, la prise de conscience des différences de classes induit un sentiment d’amour égaré, puis d’abandon et de lâcheté.

Un hommage poignant à l’égard d’une « fille » dévouée.

« Georgette vivait en effaçant ses traces. Sa discrétion était prodigieuse et inquiétante

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27 août 2023

L’amour, pacte pour la vie et la mort

Inspiré d’un fait réel, ce roman raconte le suicide collectif de Erza et Maud, une grande histoire d’amour de 70 ans qui s’arrête, laissant à leur fille un héritage singulier, la jouissance de leur maison-paysage « Les Bulles ».

Ces parents libres, fantaisistes et audacieux, au droit immuable à disposer d’eux-mêmes, ont planifié sans considérer leur fille, la spoliant de les prendre en charge.
L’auteur décrit parfaitement les sentiments d’Éléonore, à la fois triste, agacée, pour qui le sentiment d’abandon s’ajoute aux nuits hantées par leurs dépouilles, faisant de la signature de la succession une question de temps et d’orgueil…
Et si ce départ programmé pouvait être considéré comme un geste admirable de courage pour épargner les plus jeunes ? Peut-on s’opposer au droit de mourir ? La mort pourrait devenir l’affaire des morts…

« Mes parents ne m’ont pas protégé de leur couple... Il n’y avait pas de place pour moi dans leur histoire »

« Des parents qui vous tournent le dos, c’est un abandon dont on ne se remet jamais »