Naufrage

Vincent Delecroix

Gallimard

  • Conseillé par
    23 août 2023

    le Mal

    En refermant ce roman, j’ai ressenti comme un malaise et je me suis longtemps demandé pourquoi.

    J’ai à la fois eu de la peine pour le personnage principal à qui la gendarme veut faire endosser la responsabilité du naufrage ; et en même temps je l’ai détesté de ne s’en tenir qu’à son professionnalisme.

    Elle explique que le Mal c’est la mer ; je pense plutôt que c’est ce détachement professionnel qui lui a été demandé (et qui nous est aussi demandé dans notre métier) qui est cause du drame. (Un peu, toute proportion gardée, comme Hannah Arendt reprochait son professionnalisme froid à Eichmann).

    J’ai trouvé dans ces pages le même système de défense de la part de la narratrice pour ne pas se laisser submerger par l’aspect humain du drame.

    J’ai été gênée par la gendarme qui ressemble à la-dite narratrice. L’explication viendra dans la dernière partie du roman.

    J’ai aimé que la gendarme cherche dans la vie de la jeune femme une explication à son mensonge, comme un acte-miroir qui pourrait expliquer le drame.

    Une lecture qui m’a fait réfléchir et qui ne m’a pas laissé indifférente.

    L’image que je retiendrai :

    Celle des deux silhouette en fin de roman qui marche sur la plage vers la jeune femme.


  • Conseillé par
    17 août 2023

    Les naufrageurs

    Ce qui fait tenir le monde, ce qui motive les errements, ceux qui évaluent la gravité d'une situation du haut de leur sémaphore et ceux qui jugent leurs semblables du bas de leur jugement moral. 27 personnes sont mortes noyées dans la Manche un soir de novembre, après 14 appels de détresse lancés au poste de secours français, l'ultime conversation s'achevant par « Si t'entends pas, tu seras pas sauvé. ». Partant de ces faits réels, l'auteur déploie une magistrale œuvre de fiction, centrée autour de l'opératrice, emplie de questionnements tentaculaires traités sans complaisance. Il dégomme ceux qui assènent sens du devoir et empathie depuis leur canapé et rappelle surtout que le naufrage est l'aboutissement d'un parcours révoltant de misère que les hommes n'ont pas empêché. « Il n'y a pas de naufrage sans spectateurs. »


  • 16 août 2023

    « Il n'y a pas de naufrage sans spectateurs. »

    Ce qui fait tenir le monde, ce qui motive les errements, ceux qui évaluent la gravité d'une situation du haut de leur sémaphore et ceux qui jugent leurs semblables du bas de leur jugement moral. 27 personnes sont mortes noyées dans la Manche un soir de novembre, après 14 appels de détresse lancés au poste de secours français, l'ultime conversation s'achevant par « Si t'entends pas, tu seras pas sauvé. ». Partant de ces faits réels, l'auteur déploie une magistrale œuvre de fiction, centrée sur l'opératrice, emplie de questionnements tentaculaires traités sans complaisance. Il rappelle que le naufrage est l'aboutissement d'un parcours révoltant de misère que les hommes n'ont pas empêché. « Il n'y a pas de naufrage sans spectateurs. »