Servir, Paroles de vie
EAN13
9782845921863
ISBN
978-2-84592-186-3
Éditeur
Presses du Châtelet
Date de publication
Collection
SPIRITUALITE
Nombre de pages
240
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
310 g
Langue
français
Code dewey
248.4
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DU MÊME AUTEUR

La Littérature française du XIXeau XXe siècle, « Les Essentiels », Milan, 1999.

La Littérature française du Moyen Âge au XVIIIe siècle, « Les Essentiels », Milan, 1999.

Victor Hugo et Juliette Drouet dans l'ombre du génie, Acropole, 2001.

Les Cent Poèmes du bonheur, avec Béatrice Mandopoulos, Omnibus, 2002.

Cinquante Billets d'amour pour te dire que je t'aime, Omnibus, 2003.

Colette ou la saveur des mots, avec Béatrice Mandopoulos, « Les Essentiels », Milan, 2004.

Cent Récitations d'hier pour aujourd'hui, Omnibus, 2005.

Les Métiers oubliés, Omnibus, 2005.

Au fil des mots : l'amour, Omnibus, 2006.

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eISBN 978-2-8459-2523-6

Copyright © Presses du Châtelet, 2006.

À la mémoire du père Eugène,
qui fonda la communauté d'Emmaüs à
La Motte- Servolex, en Savoie ;
à celle de Renaud Novarino et Clément Perrin qui en
furent présidents.

AVANT-PROPOS

Ce livre rassemble les pensées, les opinions, les mises en garde, les réactions et les confidences de l'Abbé Pierre. Ces maîtres mots, qui ont façonné sa vie – et son œuvre principale : la création des communautés d'Emmaüs –, ont été recueillis dans tout ce qu'il a personnellement écrit ou dit.

Au nombre des ouvrages qui ont nourri le présent volume, on compte ses premiers textes, ses carnets de jeunesse1, rédigés entre 1927 et 1931, puis ses œuvres de la maturité ou de l'âge avancé comme son Testament2, et ses confidences recueillies par Frédéric Lenoir dans Mon Dieu... pourquoi ?3, publié en novembre 2005.

Nous avons puisé également dans les retranscriptions locales d'émissions de radio ou de télévision, de conférences de presse, destinées à un vaste public, en France comme dans le monde. Interviews, mais aussi réunions informelles avec des compagnons, dont on trouve heureusement trace dans des ouvrages le concernant et qui ont parfois été édités par les communautés elles-mêmes, comme celle de Montbéliard.

Enfin, certaines phrases sont extraites de biographies ou de monographies consacrées à l'Abbé Pierre ; toutes les sources sont citées en fin de volume.

Mais il a fallu choisir : cet homme, resté fidèle à ses engagements d'adolescence, a pu exprimer la même pensée, fondamentale, avec des nuances, des mots et des expressions légèrement différents, et ce d'autant qu'il a été sollicité très largement et de toutes parts. Il n'a jamais dévié de sa ligne ; il est fascinant de constater à quel point il est l'homme d'un discours prophétique immuable, martelé avec une vigueur inégalée sur plus de cinquante ans. Mais l'Abbé Pierre ne choisit pas ses mots de la même manière selon qu'il s'agit d'une œuvre écrite dans le silence et la concentration d'une cellule ou de paroles prononcées dans le bouillonnement d'une émission de radio ou de télévision, en direct et en public. Nous avons naturellement évité les répétitions et les redites, mais il arrive cependant, en de rares occasions, qu'une même idée soit exprimée avec des variantes formelles offrant des éclairages différents, auquel cas nous avons laissé s'installer un système d'échos.

D'une manière générale, nous avons privilégié, chaque fois que c'était possible, les formules percutantes, voire à l'emporte-pièce. D'une part parce que l'aphorisme semble fidèle à l'esprit de l'Abbé Pierre et à son œuvre de maturité, d'autre part parce que c'est lorsqu'elles sont exprimées avec vigueur et sans détour que ses idées sont les plus marquantes et les plus accessibles.

Car, que l'on ne s'y trompe pas, cette œuvre est viatique. L'Abbé Pierre nous aide non seulement à vivre et à aimer la vie en aimant les autres, mais encore à apprivoiser la mort par son approche originale de ce qu'il appelle avec une délicieuse désinvolture « les grandes vacances ». Il ne cesse en effet, depuis de nombreuses années, de tenir un discours dont la sérénité s'oppose aux silences et aux manières contemporains qui, en escamotant la mort, nous en rendent l'idée même atroce et terriblement anxiogène. L'Abbé Pierre nous offre l'espérance, l'espérance à l'état pur et ce, qui que nous soyons. Les préceptes s'adressent à chacun et à chacune d'entre nous, au-delà de nos appartenances, de nos croyances, de nos confessions respectives et de nos multiples différences.

« Chez Emmaüs, croyants ou pas, c'est la même soupe pour tout le monde. »

L'œuvre de l'Abbé Pierre apporte des réponses aux questions que se pose tout individu – croyant ou incroyant – sur le monde tel qu'il est, tel qu'il va et, peut-être plus précisément encore, tel qu'il ne va pas. Elle constitue en cela un formidable témoignage d'époque.

Sont réunis ici les préceptes de vie d'un homme qui a traversé quasiment tout le XXe siècle, et dont les différentes vies – en apparences opposées – se succèdent. Or, à y regarder de plus près, il est manifeste qu'elles ne se succèdent et ne s'opposent que pour mieux se compléter, s'enrichir. Elles viennent tranquillement, les unes après les autres, un peu à la manière des vagues créant l'immense phénomène de la marée, pour donner naissance à une œuvre unique, a priori improbable, que le monde entier nous envie : la création des communautés de Compagnons d'Emmaüs.

Homme d'action et d'actions s'il en est, apte à manier la truelle et la pelle, à mettre des gonds aux portes des maisons bâties de ses mains pour les sans-abri – et, plus encore que des gonds aux portes, des vitres lumineuses aux fenêtres afin que celles-ci s'ouvrent sur des aubes plus radieuses –, l'Abbé Pierre n'a cessé de retrousser les manches de sa soutane pour édifier, construire.

Mais l'image de l'abbé bâtisseur ne doit pas en cacher une autre, tout aussi forte. Intellectuel de haut vol, l'Abbé Pierre illustre à merveille l'étymologie du verbe latin « intellego » : je comprends. Car force est d'admettre qu'il comprend, analyse, appréhende le monde et les hommes dans leur globalité. Puis, les ayant saisis tels qu'ils sont véritablement, et après avoir pris la mesure de tous les dysfonctionnements, il s'emploie sinon à les changer, du moins à les améliorer, autant que faire se peut, et quelle que soit la dose d'énergie nécessaire.

Or, cet intellectuel qui, durant ses sept années de solitude et d'adoration conventuelles, a puisé un formidable tonus et une volonté à toute épreuve pour dynamiser les foules, est homme de paroles autant que d'action. L'Abbé Pierre a le sens du verbe. Il a donné une quantité impressionnante de conférences, lancé une multitude d'appels en faveur de causes dont la plus célèbre est celle des sans-abri, devenue, au fil des temps et avec les fluctuations de la sémantique, celle des sans-logis. Il a naturellement répondu à de nombreuses interviews ; plus encore, il a passé du temps à parler, parler toujours, parler pour consoler ou éclairer les compagnons qui se confiaient à lui, mais aussi pour répondre aux gens, de toutes races, de tous âges, de toutes catégories socioprofessionnelles, qui croisaient son chemin et son regard.

Mais que l'on ne se méprenne pas. L'un des plus médiatisés et des plus médiatiques des Français n'a jamais apprécié les moments de célébrité que le Ciel lui a envoyés ; ils avaient pour lui le goût des fruits amers plus que celui des délices sucrés. Sur ce qu'il est bienséant de nommer son « vedettariat », l'abbé lance des boutades qui font sourire : « La pire vacherie que l'on peut faire à un copain que l'on n'aime pas, c'est lui souhaiter de devenir célèbre. »

Homme de paroles, l'Abbé Pierre s'inscrit dans l'écrit aussi magistralement que dans l'oral. Il aime les mots, avec une prédilection avouée pour certains dont les sonorités, d'évidence, le ravissent. Il recherche toujours, quasi amoureusement, la précision du vocabulaire ; l'excellence de sa formation classique le conduit à analyser les termes qu'il aime plus que les autres pour les choisir de préférence.

C'est dans cet esprit qu'apparaissent ici les idées fondamentales de celui que, malgré lui, la quasi-totali...
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