Peter Pan - Texte intégral
EAN13
9782013227834
ISBN
978-2-01-322783-4
Éditeur
Le Livre de poche jeunesse
Date de publication
Collection
LIVRE DE POCHE (LPJ 001402)
Nombre de pages
288
Dimensions
17,8 x 12,7 cm
Poids
180 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Code dewey
804
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Peter Pan - Texte intégral

De

Traduit par

Illustrations de couverture par

Le Livre de poche jeunesse

Livre De Poche

Indisponible
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Traduit de l'anglais par Michel Laporte

Illustration de couverture : Olivier-Marc Nadel

© Librairie Générale Française, 2009.

ISBN : 978-2-01-323446-7

Loi n°49-956 du 16 juillet 1949
sur les publications destinées à la jeunesse

1

Peter apparaît

Tous les enfants, excepté un, grandissent. Ils savent tôt qu'ils grandiront, et la façon dont Wendy l'apprit fut la suivante. Un jour, alors qu'elle avait deux ans et qu'elle jouait dans un jardin, elle cueillit une dernière fleur et courut avec elle jusqu'à sa mère. Je suppose qu'elle devait alors paraître tout à fait charmante car Mme Darling, portant la main à son cœur, s'exclama :

— Oh ! Pourquoi ne peux-tu pas demeurer ainsi pour toujours !

Ce fut tout ce qu'il se passa entre elles deux à ce sujet mais, depuis lors, Wendy sut qu'elle devait grandir. On sait toujours quand on a deux ans. Deux ans est le début de la fin.

Bien sûr, ils vivaient au numéro 14 et, jusqu'à la venue de Wendy, sa mère y était le personnage principal. C'était une belle dame à l'âme romantique avec une bouche si gentiment moqueuse. Son âme romantique était pareille à ces boîtes gigognes qui viennent de l'Orient mystérieux et qui, autant que vous en ouvriez, en contiennent encore une autre. Et sa bouche gentiment moqueuse portait un baiser que Wendy ne pouvait jamais cueillir bien qu'il fût là, bien en vue, au coin droit des lèvres.

Voici comment M. Darling s'y prit pour la conquérir. Les nombreux messieurs qui avaient été petits garçons quand elle était petite fille découvrirent tous à la fois qu'ils étaient amoureux d'elle. Ils coururent tous chez elle pour lui demander de l'épouser, tous sauf M. Darling qui prit un fiacre et arriva le premier, ce qui fit qu'il l'eut. Il eut tout d'elle, sauf la plus petite des boîtes gigognes et le baiser. Il ne sut jamais pour la boîte et, avec le temps, cessa d'essayer pour le baiser. Wendy pensait que Napoléon aurait pu finir par l'avoir mais je me l'imagine plutôt essayer puis vite perdre patience et partir en claquant la porte.

M. Darling se flattait auprès de Wendy de ce que sa mère non seulement l'aimait mais aussi le respectait. C'était un de ces profonds personnages qui savent à propos des titres boursiers et des actions. Bien sûr, personne ne s'y connaît vraiment, en fait, mais lui semblait bien s'y connaître et il affirmait que les titres montaient ou que les actions baissaient d'une façon qui aurait inspiré du respect à n'importe quelle femme.

Mme Darling se maria en blanc et, d'emblée, elle tint les comptes de la maison à la perfection, presque joyeusement, comme si c'était un jeu, de sorte que pas un chou de Bruxelles n'y manquait. De temps en temps, cependant, des choux-fleurs entiers en disparurent, remplacés qu'ils furent par des images de bébés sans visage. Elle les dessinait au lieu de faire des additions. C'était une façon, pour Mme Darling, de se figurer l'avenir.

Wendy vint la première, puis John, puis Michael.

Pendant une semaine ou deux après l'arrivée de Wendy, ils se demandèrent s'ils pourraient la garder car c'était une nouvelle bouche à nourrir. M. Darling était terriblement fier d'elle mais il était très rigoureux ; il s'assit sur le bord du lit de Mme Darling pour lui tenir la main tout en calculant la dépense tandis qu'elle le regardait, l'air implorant. Elle voulait prendre le risque, advienne que pourra, mais ce n'était pas sa façon de faire, à lui. Sa façon, c'était avec un crayon et du papier, et si elle le troublait avec ses suggestions, il lui fallait recommencer depuis le début.

— Maintenant, ne m'interromps plus ! lui demandait-il. J'ai une livre dix-sept ici et deux livres six au bureau. Je peux me passer du café au bureau, disons dix shillings, ce qui fait deux livres neuf shillings et six pence, avec tes dix-huit shillings trois pence, ça fait huit livres neuf shillings sept pence – qui a bougé ? – huit livres neuf shillings sept pence, je pose la virgule et je retiens sept – ne parle surtout pas, chérie – plus la livre que tu as prêtée à cet homme qui est venu frapper à la porte – silence bébé ! – je pose la virgule et je retiens bébé. Et voilà ! tu y es arrivée !... Est-ce que j'ai dit neuf livres neuf shillings sept pence ? Oui ? J'ai dit neuf livres neuf shillings sept pence. La question est : peut-on essayer de vivre un an avec neuf livres neuf shillings sept pence ?

— Bien sûr qu'on le peut, Georges ! s'écria-t-elle.

Elle avait pris résolument parti en faveur de Wendy seulement il était, de loin, le plus influent des deux.

— Pense aux oreillons ! lançait-il d'un ton presque menaçant.

Et il recommença :

— Les oreillons, une livre. C'est ce que je note mais je pense que ce sera plutôt quelque chose comme trente shillings – ne dis rien ! – la rougeole, une livre cinq, la rubéole, une demi-guinée, ce qui fait deux livres quinze shillings et six pence – ne fais pas non avec le doigt – la coqueluche, mettons quinze shillings...

Et cela continua, avec un total différent chaque fois. Finalement Wendy s'en tira au prix d'une réduction des oreillons à douze shillings six pence et des deux maladies donnant des boutons rouges soignées pour le prix d'une.

Il y eut la même agitation inquiète au sujet de John, et Michael, lui, s'en tira encore plus de justesse. Mais on garda les deux et, bientôt, on put les voir tous trois, en rang d'oignons, aller au jardin d'enfants de Miss Fulsom, escortés de leur nurse.

Mme Darling aimait avoir tout comme il le faut et M. Darling tenait passionnément à faire comme ses voisins. Aussi, bien sûr, ils eurent une nurse. Et comme ils étaient pauvres, vu la quantité de lait que boivent les enfants, cette nurse fut une chienne terreneuve assez compassée nommée Nana qui n'avait appartenu à personne en particulier jusqu'au moment où les Darling l'engagèrent. Elle avait toujours manifesté beaucoup d'intérêt pour les enfants, cependant, et les Darling avaient fait sa connaissance au jardin de Kensington où elle passait l'essentiel de son temps à inspecter les landaus – ce qui la faisait détester des nounous négligentes parce qu'elle les suivait jusqu'à la maison pour se plaindre d'elles à leur maîtresse. Comme nurse, elle se révéla être une vraie perle. Elle était très à cheval sur l'heure du bain et se levait à n'importe quel moment, la nuit, au moindre cri d'un de ses protégés. Évidemment, sa niche se trouvait dans la nursery. Elle avait un vrai génie pour distinguer une toux sans importance d'une autre qui exigeait qu'on enroule une chaussette autour du cou. Jusqu'à son dernier jour, elle se fia aux bons vieux remèdes tels que la feuille de rhubarbe, et traita d'un grognement méprisant ce qu'on racontait sur les microbes et tout le reste. La voir escorter les enfants à l'école constituait à soi seul une leçon de bonnes manières, marchant posément à leur côté quand ils se comportaient bien, et les remettant dans le rang à coups de tête quand ils venaient à s'en écarter.

Pas une fois, les jours où John avait foot, elle n'oubliait son maillot et, en général, elle emportait un parapluie dans la bouche, au cas où il aurait plu. Dans la cave, chez Miss Fulsom, il y avait une pièce où les nurses attendaient les enfants. Elles s'asseyaient sur des bancs et Nana se couchait sur le sol mais c'était bien la seule différence. Les bonnes affectaient toutefois de l'ignorer en raison de l'écart de leurs conditions sociales et elle, elle méprisait leurs conversations frivoles. Elle désapprouvait les visites des amies de Mme Darling dans la chambre d'enfants mais, quand il s'en produisait une, elle ôtait prestement sa blouse à Michael pour lui faire passer celle avec les broderies bleues, rectifiait la tenue de Wendy et donnait un coup de peigne à John.

Il n'était pas possible qu'une chambre d'enfants ait jamais été mieux tenue et M. Darling le savait. Pourtant, il lui arrivait de se demander avec inquiétude ce que les voisins en disaient.

Il ne fallait pas perdre de vue sa position sociale.

Nana le troublait aussi pour une autre raison : il avait parfois le sentiment qu'elle ne l'admirait pas.

— Je sais qu'elle t'admire énormément, Georges, lui assurait Mme Darling.

Et là, elle faisait signe aux enf...
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