Vera Kaplan

Laurent Sagalovitsch

Buchet-Chastel

  • Conseillé par
    10 janvier 2017

    L’histoire de Vera Kaplan, c’est celle véridique de Stella Goldsclag, une jeune juive berlinoise qui, pour sauver ses parents de la mort, collabore avec les nazis en dénonçant d’autres juifs.
    Pour raconter cette histoire, l’auteur imagine un journal intime et une lettre que Vera, à la veille de son suicide, à 72 ans, envoie à sa fille en Israël.
    Or, sa fille, qui lui fut retirée enfant et qu’elle n’a jamais revue, est aujourd’hui décédée. C’est le petit fils qui reçoit donc toutes ces informations qui vont bouleverser la vision qu’il a de sa famille dont il ne savait rien.
    Elle est très ambivalente, Vera, fascinante aussi. Sa pulsion de vie qui aurait pu être un atout en temps de paix devient vite monstrueuse en temps de guerre.
    On la comprend sans l’excuser.
    Comment se comporte l’être humain en situation désespérée ? Comment aurions-nous fait ? C’est toute la question que pose ce livre.
    Laurent Sagalovitsch a bien su mettre en scène la vie de Vera, en utilisant cette lettre et ce journal intime. Seule semble romancée l’intervention du petit fils.
    Un extrait qui résume bien sa vie :
    « Née à Berlin en 1922.
    Dès le départ elle n’avait aucune chance pour que son histoire finisse bien »


  • Conseillé par
    23 octobre 2016

    L'histoire d'une anti-héroïne

    Dérangeant, déroutant, courageux ? Difficile de qualifier ce récit librement inspirée de l'histoire, réelle, de Stella Goldschlag, une jeune femme juive qui dénonça les siens à la Gestapo dans l'espoir, vain, de sauver ses parents.

    Pour ce roman, Laurent Sagalovitsch a choisi de ne pas plonger dès les premières pages dans l'enfer de la seconde guerre mondiale tel que l'a vécu Vera, le double romanesque de Stella: « Je n'ai appris l'existence et la mort de ma grand-mère que plusieurs mois après son décès », raconte le petit-fils de Vera, contacté par le notaire de cette dernière. Une mort choisie puisqu'elle a mis fin à ses jours, comme le fit Stella.

    **Le procès de la « cannibale »**

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  • Conseillé par
    12 septembre 2016

    Tel Aviv. Un homme fils reçoit un courrier de la part d’un notaire d’Allemagne adressée à sa mère alors qu’elle est décédée depuis quelques années. Sa cliente était sa grand-mère dont il n’a jamais entendu parler. Elle a passé une partie de sa vie à retrouver sa fille avant de mettre fin à ses jours et de livrer par écrit son testament ou plus exactement son histoire. Vera Kaplan était une jeune fille d’origine juive vivant à Berlin quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté. En 1943, elle et ses parents sont arrêtés et la déportation les attend. Un membre de la Gestapo lui propose un marché : dénoncer les juifs qu’elle connaît et en échange, il lui garantit qu’elle et ses parents ne seront pas envoyés vers les camps.

    La première partie est une lettre écrite par Vera cinquante ans plus tôt où elle revient principalement sur son choix d’avoir collaboré. Et là où l’on pourrait s'attendre à des atermoiement et à des excuses, elle se montre vindicative et avance des arguments. Ses propos envers les siens choquent et elle l'affirme, elle ne regrette rien. Le sentiment de malaise que l’on éprouve est bien réel.
    Puis la seconde partie est son journal tenu pendant la guerre. Et il apporte un autre éclairage où Vera est plus "humaine".

    Laurent Sagalovitsch s’est inspiré de l’histoire réelle de Stella Goldschla et sans jamais s’immiscer en tant que juge, il nous livre des faits. Et forcément, des question surgissent : qu’aurions-nous fait ? Vera Kaplan était-elle un coupable ou une victime ?
    Alors oui ce livre est dérangeant par le thème et ce qu’il induit : la transmission familiale. Le petit-fils de Vera Kaplan narrateur en début puis en fin de livre est le dépositaire de cette histoire. Et il conclue avec ces phrases " Née à une autre époque, à une tout autre époque, son existence se serait écoulée dans la banalité d'une vie normale - mais elle est née à Berlin en 1922. Dès le départ, elle n'avait aucune chance pour que son histoire se termine bien."

    Avec beaucoup de distance dans l’écriture, ce court roman est déstabilisant et peut soulever de nombreux débats. Mais (étrangement), il ne fera pas partie des livres marquants pour moi.