Paix à leurs armes

Oliver Bottini

Piranha

  • Conseillé par
    17 janvier 2016

    équation à plusieurs inconnues pour suspense intense

    L'équation réunit plusieurs inconnues : un auteur allemand quasi débutant en France (deux romans aux éditions de l'Aube), un titre français un peu fade (en V.O : « Ein paar Tage Licht », soit « Quelques jours de lumière », tout de même plus élégant), un sujet d'apparence aride (un embargo brisé sur les ventes d'armes à l'Algérie)... Mais la littérature obéit à d'autres règles que les maths et la formule de « Paix à leurs armes », déjà primé deux fois en Allemagne, se révèle gagnante.

    Oliver Bottini, 50 ans, romancier natif de Nuremberg et vivant à Berlin, nous entraîne dans ces sous-sols de la diplomatie et du commerce international où se résolvent les crises et se signent les contrats honteux. Un cadre d'une grande entreprise d'armement d'Outre-Rhin arrive sous bonne garde à Constantine, en Algérie. Il est enlevé, ses gardes du corps tués. Une action d'Al Qaida, affirment les services de renseignement locaux.

    Le fonctionnaire de liaison de l'ambassade, Ralf Eley, affecté à la sécurité de la délégation allemande et de ses invités, n'y croit pas.

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  • Conseillé par
    13 janvier 2016

    J'ai déjà rencontré Oliver Bottini, qui, comme son nom ne l'indique pas, est un écrivain allemand, dans ses deux romans précédents : Meurtre sous le signe du zen et L'été des meurtriers. Changement d'éditeur français cette fois-ci et changement de décor, Louise, sa flicque alcoolique, torturée et peut-être sauvée par la méditation laisse la place à Ralf Eley, qui doit marcher sur des œufs pour ne froisser personne, et surtout pas les décideurs algériens et les vendeurs d'armes allemands. Le plus gros problème de ce roman c'est qu'il a tellement d'entrées et de personnages qu'il en est confus surtout au début. Certaines explications arrivent au fur et à mesure, mais mon esprit ne fait pas toujours le lien entre toutes les situations, les protagonistes. C'était déjà un peu le cas avec les romans précédents de l'auteur. Et puis, il faut bien dire que le monde des fabricants d'armes est opaque pour ne pas dire plus et s'y retrouver dans ses arcanes relève du défi.

    Néanmoins, le contexte décrit par Oliver Bottini est fort, surtout pour les lecteurs français qui pourront voir certaines explications comme superfétatoires, qui ne le sont évidemment pas pour les lecteurs d'autres pays qui ne connaissent pas forcément les liens entre l'Algérie et la France. Toute l'intrigue naît au temps de la guerre d'indépendance, puis continue dans la décennie noire du pays (les années 1990 et le combat contre les extrémistes). 2012, le pouvoir algérien est encore fragile, et d'autres groupes d'extrémistes ont fait leur apparition, Aqmi, Al-Qaïda,... Les Européens sont ultra-protégés, mais font encore du commerce notamment d'armes ; les entreprises d'armement ne faisant pas dans l'humain se moquent des conséquences : "Les hommes n'ont aucune importance. Les trusts d'armement et les gouvernements ne travaillent pas en fonction des valeurs et des idéaux des hommes, mais en fonction des impératifs économiques. Les processus sont automatisés. Tu veux investir dans mon pays ? Bien, je veux tes blindés ! Tu veux notre pétrole ? Notre gaz ? Notre énergie solaire ? Bien, je veux tes fusils d'assaut !" (p.156) Je ne découvre rien, je ne suis pas naïf à ce point, mais ce monde fort bien décrit par O. Bottini fait peur et nous entraîne vers la violence et la haine avec un cynisme affiché et insupportable.

    Assez peu d'espoir dans ce roman, le ton est froid, les hommes à peine plus chauds ; le thème n'inspire pas la gaudriole et le style et le rythme exacerbent sans doute ce sentiments de noirceur. A conseiller à ceux que le genre ne rebute pas et qui prendront du temps pour ne pas se perdre en route. Ceux-là trouveront sans doute un livre excellent. Moi, je m'y suis un peu perdu, ce qui ôte une partie de sa saveur.