Sois près de moi, roman

Andrew O'Hagan

Points

  • Conseillé par
    5 décembre 2011

    Mon premier roman d’un auteur écossais, je crois, « Sois près de moi » est un roman un peu déstabilisant, pas tant dans son propos que dans sa prose, érudite, parfois, il faut bien avouer aussi, un peu pédante. Si je n’ai pas totalement adhéré au style d’Andrew O’Hagan, le roman n’en reste pas moins intéressant, surtout qu’il s’attaque à nombre de thèmes forts : alcool et drogue chez les ados, tabou de l’homosexualité, tolérance envers les religions et même abus sexuel envers mineur.
    Sur la première moitié du roman, l’auteur s’attache à décrire la vie quotidienne de David, prêtre irlandais exilé en Ecosse, dans une petite ville où les étrangers sont mal accueillis. Celui-ci a bien du mal à se faire accepter par la communauté, qui ne voit en lui qu’un gêneur, un « anglais ». Face à ce mur, le protagoniste perd de sa dévotion et préfère de loin les discussions intellectuelles et les joutes verbales qu’il se plait à échanger avec sa femme de ménage, Mrs Poole. Entre deux réminiscences de son enfance perdue, David finit par se lier d’amitié avec deux jeunes délurés, Mark et Lisa. Et là, c’est la spirale infernale qui commence. Les adolescences échangent des vulgarités, tiennent des propos extrêmes, tout en buvant et fumant plus que de raison…surtout quand on a 15 ans. Bizarrement, plutôt qu’être choqué, David se laisse entrainer par les deux ados, et leur offrent un œil complaisant. Il s’assimile à eux, les rejoint dans leurs beuveries, délaisse sa charge de prêtre. C’est une espèce de retour en arrière pour lui, une deuxième adolescence. Puis, tout bascule, le jour où il échange un baiser avec le jeune Mark…
    Andrew O’Hagan construit un roman complexe, cultivé, les conversations entre les divers personnages apportant autant de réflexions sur la guerre ou l’ostracisme, voire le sectarisme, le chômage et les tentations de la vie. « Sois près de moi » est un peu le cheminement intérieur du héros, il s’interroge sur sa vie, sur ce qui l’a amené à rentrer dans la prêtrise. Si la dévotion et la foi semble s’être perdus en cours de route, c’est un peu parce que celui-ci s’est engagé par dépit dans cette voie à la suite de la mort de son amant. Sur cette partie de sa vie, l’auteur ne s’attarde finalement pas beaucoup et j’avoue avoir été surprise car la 4ème de couverture semblant suggérer que c’était le propos même du roman. Il n’y a donc aucune allusion choquante dans le récit, et la scène du baiser échangé, bien que dévastateur pour David, n’est là que pour apporter une réflexion sur les limites à ne pas dépasser, sur les effets que peuvent avoir un geste malheureux. C‘est d’ailleurs plus révoltant de voir la haine des gens et le racisme dont ils font preuve envers les étrangers à la toute fin du roman.