L'Assommoir

Émile Zola

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    9 novembre 2012

    «Elle se comparait à un sou lancé en l’air, retombant pile ou face, selon les hasards du pavé.»

    Gervaise Macquart va (très mal) (re)tomber sur le pavé parisien luisant-glissant de la révolution industrielle qui brille comme un soleil...noir de suie !
    Du mauvais côté.
    Sous les pavés...la misère.

    Conçue dans l’ivresse (l’ivrognerie plutôt), chétive et boîteuse.
    Battue par son père et soignée à l’anisette par sa mère.
    Blanchisseuse à douze ans et enceinte à quatorze ans.

    Ah, c’est gai !

    L’Assommoir. 1850 à Paris. C’est le nom du bistrot où sévit l’assommoir, une machine à fabriquer de l’eau-de-vie.
    Bonjour les dégâts !

    Gervaise arrive à Paris avec son amant Lantier, chapelier infidèle et leurs deux enfants.
    Lantier l’abandonne.
    Elle épouse Coupeau, ouvrier zingueur.
    Une nouvelle vie.
    Au début tout va à peu près bien. Elle devient patronne d’une blanchisserie. Le couple a une fille, Anna, qui deviendra la très célèbre «Nana» de Zola.
    Ils organisent même une fête mémorable qui réunit tout le quartier.
    Trop beau pour Zola.

    Coupeau tombe d’un toit. Accident du travail.
    Ben ouais, ça existe...encore !
    Il va se réfugier à l’Assommoir et se mettre à boire (ça rime).

    Le forgeron Gouget lui propose bien de s’enfuir (une note d’espoir dans ce monde noir, ça rime encore) avec lui mais elle refuse.
    Trop beau pour Zola.

    Lantier revient dans la chaumière et avec Coupeau c’est l’entente cordiale. Ben voyons, c’est la solidarité masculine.

    S’ensuivent, dettes, clé sous la porte de la blanchisserie et séjours prolongés à l’Assommoir pour tout le monde : Gervaise, Coupeau et compagnie...
    Tournée générale pour le petit peuple !

    Coupeau, devenu alcoolique, meurt de folie.
    Gervaise meurt dans un trou sous l’escalier.

    Ah, c’est gai !

    «L’Assommoir» est un roman-ouvrier naturaliste.
    Gervaise sera la femme du peuple, le symbole de toutes les femmes du nouveau prolétariat.
    Il paraît en 1876 en feuilleton, c’était la mode à l’époque.
    Puis en 1877, en vrai livre.
    On reproche à Zola d’avoir écrit un livre noir, trop noir.
    Noir comme le charbon des mines.
    Vrai livre qui se vend à 400 000 exemplaires.
    Un vrai succés !

    Zola, ici, dit stop au romantisme, ça suffit l’idéal romantique «béat-bobo».
    Il veut reproduire la réalité, le plus objectivement possible.
    A la scientifique.
    Une méthode : se documenter, enquêter, comme un reporter.
    «L’Assommoir», reportage en direct de la Goutte d’Or.

    «L’Assommoir», un classique à lire absolument, cela va de soi.
    Encore chaud-brûlant d’actualité.
    Sous les pavés...la crise !
    Et, cher lecteur, ça fait du bien un p’tit classique de chez classique, de temps en temps, ça revigore, ça remet quelques écrivaillons à leurs strapontins de gagnants de prix littéraires (en attendant le Panthéon !).
    Cher lecteur, n’ayez pas peur des classiques, ils sont mordants mais ne mordent pas !
    Ils gardent encore toutes leurs dents !

    «La mort devait la prendre petit à petit, morceau par morceau, en
    la traînant ainsi jusqu'au bout dans la sacrée existence qu'elle s'était
    faite. Même on ne sut jamais au juste de quoi elle était morte. On
    parla d'un froid et chaud. Mais la vérité était qu'elle s'en allait de
    misère, des ordures et des fatigues de sa vie gâtée. Elle creva
    d'avachissement, selon le mot des Lorilleux. Un matin, comme ça
    sentait mauvais dans le corridor, on se rappela qu'on ne l'avait pas
    vue depuis deux jours; et on la découvrit déjà verte, dans sa niche.»