Admin Graphisme K.

Roman

Philippe Picquier

19,00
Conseillé par (Libraire)
6 septembre 2020

Une parenthèse japonaise douce et légère

Hatoko est écrivain public comme l’était sa grand-mère – l’Ainée – qui l’a élevé. Pourtant Hatoko a décidé de prendre le large, sa relation avec sa grand-mère étant devenue étouffante du fait d’une éducation trop stricte et trop sévère, elle avait décidé de quitter le foyer familial. Après la mort de l’Ainée, Hatoko rentre finalement chez elle pour reprendre l’affaire familiale – la Papeterie Tsubaki – et le rôle d’écrivain public porté avec honneur par sa grand-mère. Un rôle pour lequel l’Ainée l’a préparé toute sa vie, depuis qu’elle a six ans.
Chaque jour ça se bouscule dans la papeterie d’Hatoko – dite Poppo – on lui demande d’écrire des lettres. À travers ce travail atypique, nous allons non seulement apprendre à connaitre Poppo mais nous allons aussi découvrir la culture nipponne, centrée sur le respect de l’autre. Rédiger une lettre pour Poppo ça n’est donc pas seulement prendre un papier et un stylo. C’est sélectionner le papier dont le grain et la couleur sauront accueillir avec précision les mots méticuleusement choisis. C’est utiliser une plume en verre plutôt qu’un stylo à encre, écrire à la verticale ou à l’horizontale. C’est enfin trouver la bonne enveloppe et – surtout – le bon timbre.
Comme l’explique Hatoko, être écrivain public c’est se mettre dans la peau et dans la tête de tout un tas de personne. Rédiger des vœux funéraires c’est ressentir la peine des endeuillés, écrire une lettre d’amour c’est délivrer l’espoir que son destinataire entendra notre appel. En bref Poppo est un messager.
Dans ce deuxième tome (le premier étant la Papeterie Tsubaki) nous suivons Hatoko. Nous découvrons ses joies, ses angoisses et ses remises en question. Sa rancune pour sa grand-mère ou sa peur de devenir mère. Parce que si Poppo excelle dans l’art de trouver les mots pour les autres, elle peine parfois à trouver les siens.
L’écriture d’Ogawa Ito est cotonneuse et printanière. Elle nous met à l’aise et lire ces deux tomes c’est ouvrir une parenthèse. Lorsqu’on les achève, c’est précieusement que nous choisissons notre prochaine lecture.

Conseillé par (Libraire)
5 septembre 2020

Les enfants du Ghetto de Varsovie

Szymon se souvient peu de son père, qui a quitté la maison alors qu'il n'a pas dix ans. Peu à peu, ce père disparaît des photos et des conversations. Il est soigneusement effacé. Puis après la mort de sa mère, Szymon décide de retrouver son père. Joachim, un polonais condamné à dix ans de prison pour avoir brûlé vif un autre polonais. Joachim qui se livre lui-même à la police avec ces seuls mots : "Je suis juif, je suis revenu".

En enquêtant sur son père, Szymon entraîne le lecteur dans les années 1940, en Pologne, dans le ghetto de Varsovie. le ghetto, témoin d'une enfance fauchée, celle de Joachim et de ses frères,Szymon, Marek et Aron.

Le ghetto c'est cent vingt-huit mille personnes au kilomètre carré contre quatorze mille dans le reste de Varsovie. C'est des corps qui jonchent le sol, la police qui arrête, torture, assassine. Ce sont des enfants contraints de devenir des adultes.

Le ghetto c'est l'antichambre des camps de la mort et la plume de Sophie Blandinières nous immerge dans ce lieu devenu le symbole de toute une époque. Sa plume est douloureuse mais si juste et si précieuse qu'on a l'impression de l'apercevoir ce ghetto.

Avec l'histoire de Joachim c'est celle d'Amos, de Luba, d'Esther, d'Eugénia, d'Aron, de Marek, de Bella que nous découvrons. Et celles de plein d'autres dont la vie s'est arrêtée trop vite.

Roman

L'Iconoclaste

Conseillé par (Libraire)
5 septembre 2020

Un récit courageux à la fois historique et romanesque

Saviez-vous qu'Arthur Rimbaud avait un frère ? Un frère plus âgé et un peu moins brillant que son cadet. Un frère qui - ne correspondant pas à la réputation familiale - a été complètement effacé de l'Histoire Rimbaldienne. A tel point qu'il n'est pas enterré dans le caveau familial. A l'instar de David Foenkinos avec sa Charlotte, David le Bailly part sur les traces de ce frère répudié. Entre Charleville-Mézières et Attigny, l'auteur mène une enquête sans relâche pour découvrir qui était cet autre Rimbaud, cet oublié. Avec un style narratif se voulant à la fois romanesque et documentaire, l'auteur parvient à titiller notre curiosité et à nous faire oublier que oui, lorsqu'il n'a pu mettre la main sur la véritable Histoire, il l'a inventé. L'auteur décide de composer avec une mère qui éduque ses enfants à coup de privation et de punition (elle nous rappelle Folcoche sous bien des aspects), un père qui décide de plier bagages alors que ses fils sont en bas âges et deux sœurs... Pour les Rimbaldiens, ce livre peut être perçu comme un affront, un récit fantaisiste. Pour d'autres, ce récit les tiendra en haleine, toujours à l’affût de la nouvelle frasque possible par la marâtre Rimbaud. Pour d'autres enfin, ce récit laissera de marbre. Mais il est certain qu'il ne peut pas vous laisser indifférent.

Conseillé par (Libraire)
31 août 2020

Une renaissance

Avec Bénie Soit Sixtine, Maylis Adhémar signe son premier roman.

J'ai adoré sa plume et l'audace d'aborder un tel sujet, de manière sincère sans jamais tomber dans le cliché. Sixtine a à peine plus de vingt ans quand elle rencontre Pierre-Louis Sue de la Garde, catholique intégriste, qui fait partie des Frères de la Croix considérée comme une secte par l'organisme nationale Miviludes.

Il fait également partie de la milice de ce mouvement et participe régulièrement à des opérations "coups de poing". Nous sommes entre 2012 et 2014, en plein projet de loi du mariage pour Tous. Sixtine est enceinte, elle arrête ses études pour se consacrer à l'éducation des héritiers Sue de la Garde. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Et, un jour, un drame. Sixtine prend une décision radicale remettant en question toute l'éducation catholique rigide qu'elle a reçu jusqu'ici. Fabuleux. J'ai adoré. On assiste à une mini renaissance, celle de Sixtine.