Quelques pas hors des cases

Edmond Baudoin

Editions de la Salamandre

  • Conseillé par
    7 juillet 2023

    Sur la route

    Edmond Baudoin, est né à Nice….comme moi, je pourrais dire que son livre est fabuleux par pur chauvinisme…. Mais ce serait vraiment réduire à pas grand-chose, ce petit bijou de sérénité.

    Car, ce qu’il aime, c’est le dessin bien sûr, mais la marche, partir, traverser, découvrir, rencontrer.
    C’est sensible, émaillé de souvenirs d’enfance, puis d’adultes, de voyages autour du monde.

    Vous reposerez ce court récit apaisé.
    Ne passez pas à côté ….c’est très joli.


  • Conseillé par (Libraire)
    27 février 2023

    Tendre et poétique

    Jusqu’à nouvel ordre pour marcher il faut deux jambes, deux appuis. Edmond Baudoin depuis son enfance, avec son frère Piero, les possède et les utilise pleinement. La première de ces jambes s’appelle le dessin dont il décidé à l’âge de trente ans, après des années comme comptable, d’en faire son métier. La seconde se nomme le voyage, l’itinérance seul près de son village de Villars, dans l’arrière pays niçois, ou accompagné parfois pour des voyages lointains avec des compères comme Troubs ou Emmanuel Lepage. On peut y ajouter l’écriture puisque on désigne communément Edmond Baudoin comme le premier dessinateur de BD à raconter sa vie dans ses ouvrages, l’exofiction en avant première. Aussi est il bien le seul à s’étonner quand il nous déclare ne pas comprendre pourquoi on lui a demandé un livre sur la marche, dans le cadre d’une collection dédiée. « Nous sommes des millions à marcher. Pourquoi moi? ».

    La réponse s’impose à elle même à la lecture de ce petit ouvrage touchant et sincère, comme d’habitude avec le dessinateur, qui fait effectivement un pas « hors des cases ». Mais pas tant que cela, tant ces cent quinze pages constituent un texte pictural. A travers les chemins près de chez lui, celui de Saint Jean, titre d’une de ces BD ou sa variante, vers Sarzit, puis ceux du monde entier, le Québec, la Colombie ou le Mexique, il laisse les traces au sol et sur le papier de son existence et nous donne à voir des paysages, des personnages comme il le fait avec son pinceau.

    C’est doux, tendre et poétique. On y retrouve, Jeanne, sa mère, Piero, son frère mais aussi ses thèmes favoris, ses amours féminins et ses corps qu’il aime dessiner plus que tout et sur lesquels il arrive à poser cette fois-ci des mots. Les arbres des milliers de fois peints, fil rouge de nombre de ses ouvrages, sont aussi bien entendu présents et leur importance, expliquée. Baudoin, on a envie de l’appeler Edmond, montre comment la marche, même quand elle se fait près de chez lui à Paris, dans le Jardin du Luxembourg, se confond avec la vie. Combien elle est la vie.
    On l’aura compris, ce livre d’écrivain ne peut se dissocier du dessinateur. Le pinceau, celui dont on se demande si il dessine en noir sur du blanc ou si il pose du noir pour laisser le blanc dessiner, ne peut vivre sans l’accompagnement du stylo, cet accessoire que le dessinateur met avec ses carnets lorsqu’il part en balade, en prévision du futur « chef d’oeuvre » qui l’attend au retour et s’évanouira au fil de sa réalisation. Il s’est tellement confié dans ses bandes dessinées, que l’on ne s’étonne pas de retrouver ici ses pensées intimes, sans filtre, ou si peu. Il se livre, se confie puisque « la vie est comme une balade ».
    On marche dans le réel et dans l’imaginaire, sur le chemin et sur la page blanche, dans la jeunesse et dans la vieillesse, on marche seul et accompagné, dans la réalité et dans le rêve. On marche avec.
    Les lecteurs de BD de Baudoin retrouveront leur compagnon de lecture et de route, comme un complément indissociable des ouvrages graphiques. Les autres découvriront un homme attachant, sincère, et auront probablement envie d’aller à la rencontre de ses dessins exceptionnels. Toutes et tous souhaiteront prendre un sac à dos et marcher avec lui. Au moins par la pensée tant Baudoin fait un formidable compagnon de voyage.