Leurs enfants après eux

Nicolas Mathieu

Actes Sud

  • Conseillé par
    24 juin 2019

    Quand on vient des Vosges

    On ressent encore mieux la justesse de l'auteur.
    Je n'ai pas oublié les endroits moches où l'on s'ennuyait sans espoir, en attendant d'en partir...


  • Conseillé par
    1 janvier 2019

    Été 1992, 1994, 1996,1998. Une chaleur de plomb dans cette vallée du nord-est où les hauts fourneaux se sont tus.
    Morosité économique et sociale. En 1994, Anthony a 14 ans. Adolescence difficile.
    Il y a son cousin, ses potes. Tous des ados désœuvrés entre les pétards, la sexualité naissante, parfois la violence.
    Côté parents, ce n’est guère plus brillant. Boulots précaires, couples vacillants, alcool… Et les années passent.
    Le livre est assez long mais captivant.
    Le désœuvrement de ces jeunes qui peinent à trouver leur voie dans une région où les espoirs d’une belle vie s’amenuisent est analysé avec beaucoup de réalisme. L’usure des couples aussi.
    Un roman social dans une région sinistrée où vivre n’est pas facile.
    Il m’a fait penser à « D’acier » de Silvia Avallone où deux adolescentes se cherchent sous les hauts fourneaux d’une ville de Toscane. C’est le même scénario désespéré. C’est un bon roman. S’il n’y a pas d’originalité particulière dans l’écriture, elle est très visuelle et pourrait être le point de départ d’un bon film, comme « Aux animaux la guerre ».


  • Conseillé par
    1 janvier 2019

    L'adolescence

    Un roman sociologique, mais pas que.
    Oui, il est question de la reproduction des classes sociales. Mais il est surtout beaucoup question d’adolescence.
    Celle d’Anthony qui rêve de filles et de motos ; celle de Hacine que le père ramène au bled pendant 2 ans ; celle de Steph qui promène son ennui avec sa copine Clem.
    Le récit se déroule pendant 3 étés à 2 ans d’intervalle chacun. On voit grandir ces ados, même si leur quotidien reste passablement le même.

    Peu de projet d’avenir, voire pas du tout. Juste l’envie de partir de cette ville.

    Un roman pas désagréable à lire, mais pas transcendent non plus. Pour un Prix Goncourt, je m’attendais à une langue, à un style. Dans ce roman, la langue reflète la longueur des jours.

    Seul le père d’Anthony m’a touché, qui se sort de sa dépendance à l’alcool pour mieux y retourner : il n’y a aucun futur meilleur.

    L’image que je retiendrai : il est beaucoup question de tuyaux dans ces pages.

    https://alexmotamots.fr/leurs-enfants-apres-eux-nicolas-mathieu/


  • Conseillé par
    27 septembre 2018

    Coup de coeur

    Je crois que c'est la première fois que je lis un roman sur le thème de l'adolescence dans cette région française, et d'ailleurs sans doute transposable à d'autres. On y sent la désillusion des immigrants venus d'Afrique du Nord et de leur descendance et la vacuité des journées dans ces endroits où il n'y a pas grand chose à faire pour un ado, surtout s'il n'a pas d'argent. On comprend comment on se fourre vite dans le pétrin à vouloir jouer les kékés pour épater les filles parce que finalement, tout commence toujours un peu comme ça. Entre les garçons, tout n'est qu'une éternelle histoire de rivalité qui ne s'efface jamais vraiment. Les filles, elles, rêvent de trouver le grand amour mais elles ne tombent évidemment sous le charme que de ceux qui ne les aimeront jamais, l'inverse est d'ailleurs vrai aussi. Mais contrairement aux garçons, peut-être grâce à leurs origines sociales plus favorisées, elles ont compris l'essentiel : pour se faire une vraie place au soleil et pour quitter ce trou, il faudra étudier, réviser pendant des heures, écourter les nuits. Je me suis incroyablement attachée à ces quatre ados, sans doute plus aux deux garçons qu'aux filles même si un personnage féminin secondaire, Vanessa, m'a beaucoup plu. Il y a de la tendresse dans la manière de décrire ces familles, ces parents paumés qui tentent de faire de leur mieux. Et puis, il y a ces dizaines de phrases qui m'ont saisie par leur justesse et leur force.
    L'alcool, à force, devient un organe parmi d'autres, pas moins indispensable. Il est là au-dedans, très profond, intime, utile à la marche des affaires, comme le cœur, un rein, vos intestins. En finir, c'est s'amputer.
    D'autres m'ont fait éclater de rire. J'aurais envie de vous en citer davantage mais je préfère que vous les découvriez vous-même.
    Je ne manquerai pas de relire l'auteur et je souhaite bonne chance à ce roman dans la course aux prix. Encore une fois, j'ai hâte de voir ce que m'en diront les élèves. Il est sexuellement très explicite ; je trouve qu'il est assez difficile de réussir des scènes sexuelles, or Nicolas Mathieu y parvient très bien. Il montre aussi comment, dans ce genre de relations où tout le monde semble d'accord, l'un des deux ne peut s'empêcher de s'attacher, comme s'il n'y avait d'autres solutions que de vivre en déséquilibre permanent. Si ce roman met en scène des ados, l'adulte que je suis s'est souvent reconnue dans des passages et c'est à mon avis l'une des forces de ce roman.


  • Conseillé par (Libraire)
    1 septembre 2018

    L'amour en ZUP et bien plus!

    Une histoire où s’entrecroisent Nirvana et Beverly Hills, où l'on s'habille en Levi's 501 et en T shirt Waikiki, où l'on écoute la musique au walkman en prenant des photos avec un Kodak, et où l'on peut enregistrer la Coupe du monde 98 sur une VHS...
    Le tout sur fond de premiers baisers et de passage à l'âge adulte.

    Laetitia.


  • Conseillé par (Libraire)
    27 août 2018

    Roman choral d'une fluidité exceptionnelle.

    Dans sa BD « Lulu femme nue », Etienne Davodeau racontait l’histoire d’une femme qui voulait s’échapper de son quotidien et de son foyer pour quelques jours. Dans son roman « Les Lisières », Olivier Adam scrutait les vies pavillonnaires au bord des cités. Dans ses livres, Silvia Avalonne, décrit la vie dans les grands immeubles italiens au bord des usines. Tous ont en commun de parler de ces « gens de peu », de ces vies qui ne font pas la une des journaux mais qui ressemblent de si près à la nôtre. Avec « Leurs enfants après eux », Nicolas Mathieu dans son deuxième roman, s’attache lui aussi à suivre, pendant quatre étés, des adolescents en mal de vivre, en recherche de repères dans une région touchée par la crise qui a aboli les valeurs et les repères. C’est dans une vallée de l’Est de la France, proche du Luxembourg, que vivent Anthony, Stephanie, Hacine ou Vanessa. C’est entre des zones pavillonnaires, des ZUP, des ZAC, des ZEP que ces adolescents de 14 ans en 1992, vont grandir, découvrir l’amour, l’argent, le sexe, le cloisonnement social.
    .
    Dans ce roman choral, avec une fluidité exceptionnelle, et un style sans emphase, l’écrivain de Nancy nous transporte dans des vies qui n’ont pas besoin d'évènements exceptionnels pour être suivies. Un superbe livre de l’entre deux: entre deux générations, entre deux catégories sociales, entre deux lieux. Entre le lecteur et un écrivain magnifique.

    Lire la chronique complète d'Eric Rubert sur le site unidivers.